En 1696, l’Auberge du Cœur d’Or fut le premier estaminet autorisé. Son enseigne devint dès lors l’armoirie du lieu avant d’être modifiée en 1919. Le blason d’azur à la croix d’or chargée de cinq rosaces de gueule représentant les Mayor de Chexbres est celui que nous connaissons toujours aujourd’hui. C’est un amalgame harmonieux des armes des suzerains successifs : Bourgogne, Abbaye de St-Maurice, Savoie et Evêché de Lausanne.
Chexbres et son histoire
Des vestiges romains, retrouvés au lieu-dit « sur le Crêt », ont permis de mettre à jour un pavage, des murs et des pièces de monnaies. L’évêque Marius raconte qu’en l’an 563, le puissant Mont du Tauretunum, dans le territoire du Valais, s’effondra avec une telle violence qu’il écrasa le château et les villages voisins avec tous leurs habitants ; le lac fut si secoué qu’il déborda sur ses deux rives et submergea de très anciens villages avec gens et bétail. Effrayés par ce cataclysme, les habitants qui purent échapper se retirèrent sur des hauteurs plus sûres. Ainsi l’on présume être l’origine de Chexbres…
Son appellation a varié au cours des siècles. En 1079, le village s’appelait Carbarissa. Ce nom est soit dérivé d'un noble romain nommé Cabrius, soit du gaulois Caebre ou encore de l'étymologie Cabus. Le nom Chebri apparaît entre 1131 et 1454. Puis, au XVIe siècle, Chaybres se transforme définitivement en Chexbres. Quant aux habitants, on n'a jamais su si ce sont des Chexbriens ou des Chexbrisiens. Selon un ouvrage du XIXe siècle, qui traite d'antiques traditions orales, ils étaient communément appelés "les Chats". Ce nom reste le sobriquet d’aujourd’hui.
Dépendant dans un premier temps de l'Abbaye de Saint-Maurice, Chexbres appartint de 978 à 1079 au Royaume de Bourgogne, avant d’être donné en 1080 à l'Evêché de Lausanne. Son Evêque fit alors administrer spécialement le village par un Mayor jusqu’en 1536. Les Mayor de Chexbres étaient tous qualifiés de chevaliers et possédaient un château situé à La Mottaz.
En 1384, on trouvait à Chexbres, sinon une organisation communale proprement dite, du moins un groupe important de particuliers ayant certains intérêts communs. Le 11 novembre de cette année-là, Gui de Prangins, Evêque de Lausanne, remit en effet, contre cens perpétuel, à trente-huit chefs de familles nominativement désignés un chesal (petite maison) et un four neuf, au lieu-dit "En Clos".
En 1536, le Pays de Vaud fut occupé par les Bernois et les biens épiscopaux saisis. On remplaça alors l’Evêque par un bailli et la Réforme fut imposée avec vigueur. Vers 1740 le village de Chexbres comptait une centaine de foyers, dont la moitié étaient bourgeois du lieu. On y trouvait notamment les de-Crousaz, Blanc, Barbey, Chappuis, Chappaz, Chardon, Conne, Goumoëns, Guerry, Grandchamp, Légeret, Leyvraz, Panatey, Penard, Rey et Testuz.
Après l’indépendance vaudoise du 24 janvier 1798, Chexbres, Puidoux, Rivaz et St-Saphorin formèrent une seule et même commune appelée commune paroissiale de St-Saphorin. Le Conseil de 18 membres siégeait à St-Saphorin et gérait tous les biens, tandis que chacun des villages avait pour compétence de maintenir en bon état des fontaines, les réserves d’eau et la pompe à feu.
En 1808, Chexbres se détacha de la grande commune paroissiale de St-Saphorin pour former une commune autonome. Lors de cette division, plusieurs familles choisirent la bourgeoisie de Chexbres, telles que les Chevalley, Cherpillod, Dupont, Jaccoud et Pauchon.
De l'agriculture à la viticulture
Dès l’an mille, des moines cisterciens commencèrent à défricher le terrain et construisirent de solides murs ; puis ils confièrent la culture des vignes à des vignerons. Sous le régime bernois, les moines furent expulsés et les vignerons des couvents devinrent ceux de l’occupant. La vie du village était celle de la campagne : la plupart des maisons s'accompagnaient d'écuries ou d'étables, de jardins, de vergers et de prés. Le vigneron d'alors se doublait d'un paysan qui cultivait ses "terres du haut", tout en soignant ses "charmus du bas".
Dès 1798, les vignerons devinrent en général propriétaires et la communauté vécut alors pratiquement en autarcie, son activité visant à répondre aux besoins essentiels de chaque jour : se nourrir, se loger, s'habiller, se procurer des outils et les entretenir, mais aussi s'instruire et prier. C'est ainsi que la majorité des villageois travaillait la terre, élevait du bétail et faisait commerce de ses produits agricoles et viticoles. Les prés et les champs couvraient en ce temps-là 70% du territoire, le reste se répartissant entre vignes, forêts et jardins. Les vignerons d'aujourd'hui, à la fois producteurs et encaveurs, ont au fil du temps bénéficié de l'évolution des techniques au profit des 25 hectares de vignes qui descendent dans un décor merveilleux jusqu'au lac, en direction de Rivaz et St-Saphorin. Ils produisent des vins de haute qualité sous l'Appellation St-Saphorin dont les étiquettes portent les noms des parchets concernés : « Les Fosses, Les Blassinges, La Grand-Vigne, Plan Perdu, Burignon »…
Economie et tourisme
Au début du 20ème siècle, la vocation de Chexbres était essentiellement terrienne et touristique. Depuis fort longtemps, Chexbres, en plus de son rôle de région productrice, a été un centre de services de la région : boulangerie, hôtels et pensions, médecins, pharmacie, forge, ateliers mécaniques, magasins, gendarmerie, banque, etc… permettant le passage du concept de village à la notion de petite bourgade.
Excepté par la route du Lac, Lavaux était en dehors des services de diligences et les déplacements se faisaient à pied. L’ouverture de la route de la Corniche en 1896, la construction de la ligne Vevey-Chexbres-Puidoux en 1904 et la création de la route Chexbres - Chardonne en 1911 apportèrent un essor bienvenu à la vie du village.
La gare de Chexbres-Village, construite sur les mêmes plans que de nombreuses gares du chemin de fer Jura-Simplon, a été rénovée et inaugurée en septembre 2023. Sa nouvelle structure permet d’offrir, en plus d’un chaleureux service d’accueil et d’information, un concept d’œnotourisme régional améliorant ainsi l’accueil des visiteurs du site de Lavaux et mettant à disposition divers espaces polyvalents.